"PAPIERS":


MATIÈRE PAPIER

on se demande pourquoi recouvrir des papiers, de peintures, si c'est pour,
 presque aussitôt, les laver, les frotter, les brosser, les débarrasser de cette gangue.
                                                                                        
c'est qu'un papier ( je parle des papiers "ordinaires"), tout seul, sorti d'une manufacture,
est comme une écaille, laissée là, mais indemne.

on l'oublie, il est éteint.

des peintures vont recouvrir des papiers et, grâce à l'eau,
de la couleur va pénétrer au cœur des fibres, va les teindre, s'immiscer...

mais cela, on ne peut le percevoir, qu'en effaçant, en enlevant...

sous les peintures, les papiers ne sont que des supports, sont recouverts.

besoin de les retrouver.

c'est leur matière qui manque.

les traces des gestes, avec couleurs et outils, maladroites -ou moins- donnent la nausée de soi.

la voix de la matière, celle du papier, semble bien plus juste,
là et silencieuse, comme le monde.

alors il faut laver, enlever, retrouver la matière.

c'est plus ou moins facile.
parfois c'est impossible - souvent - et des papiers sont perdus.

mais, de temps en temps, au bout de bien des gestes d' EFFACEMENT (eau, éponge, brosse),
quelque chose vibre enfin.

il semble alors qu'un papier revienne en vie.

il est ruisselant, tellement fragile.

je songe à ces terres, au sortir de quelques mois passés sous la neige.
elles resplendissent d'épuisement sous le soleil.

quelque chose là, en accord

il y a une unité.

avec les papiers, rendus pantelants,
chercher, pareil, une unité.

dire à voix pâle que le silence écoute.

                                                                      
                                  (26 février 2014)

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mars 2016


 













 

















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février 2016























 




 

 

















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décembre 2015












octobre novembre 2015



 



 



 















































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ARCHIVES:





















Marc Le Bot: "La matière du papier va du lisse au rugueux et parfois le papier se gaufre.
Ou on repère des brindilles dans la mince épaisseur, elles s'entrecroisent, se superposent.
À cause des entrelacs de leur texture, ces papiers-ci formeraient le modèle de toutes les
surfaces d'écriture: surfaces déjà marquées par des fétus et par des grains, pleines de
tracés de hasard formant des signes indéchiffrables." (Théâtre d'ombres à l'intérieur,
Éd.Ryôan-ji, 1984)















Degottex: "Le pictural provient pour moi d'une logique intrinsèque du matériau, je dirais presque d'une intelligence de la matière. L’œuvre tient parfois à d'infimes accidents, à quelques traces cicatricielles, à des tensions de surface. Elle se joue entre le velouté d'un marron acrylique et le recouvrement transparent d'un blanc sur le coton écru.Elle est plus que jamais tributaire de la lumière, qu'elle semble inclure dans sa texture. Un changement d'incidence suffit à révéler ou occulter son existence au regard. L' œuvre est exigeante, il est rare qu'elle se donne directement."





























EFFACEMENT

il faudrait dire l'effacement, que les mots n'écrivent pas  mais érodent,
révèlent des inclusions, des fragments, une vie absentée.

effacer aussi, avec les mains, ce qui obstrue les papiers.

avec les mains, éroder.
elles miment les temps géologiques,des temps d'usure.

abraser, polir, comme on fait avec les pierres.

des structures internes apparaissent, matière même.


il est aussi d'autres effacements;
oblitérations, plus ou moins violentes, des choses.

un horizon, peu à peu, disparaît dans une brume.                


                                                      




il faut, au corps, une voix très basse, sa propre disparition dans la pupille de ses yeux.

c'est la brume qui prend l'horizon.

c'est le corps qui disparaît derrière une crête.

tu le vois.

disparu, c'est un peu tard, un peu "trop",
mais quand il... disparaît...                           mouvement.

étant au bord...

lisière

dans le mouvement de disparaître, de s'effacer, le mouvement de respirer.

tu marches dans tes mains                                                                                                 (26 février 2014)





















(VIDE)